Les enjeux électoraux de 2015 se
rapprochant, les contradictions entre le pouvoir et l’opposition se précisent
de plus en plus. Alors qu’on croyait et espérait que la mise en place de
l’Assemblée nationale favoriserait un certain répit, l’accalmie pourrait être
plus éphémère. Reprochant au gouvernement son refus de dialogue et sa fuite en
avant par rapport à des sujets cruciaux en rapport notamment avec les
prochaines élections présidentielles, les leaders politiques de l’opposition
envisagent de plus en plus la reprise des manifestations de rue. Une sombre perspective
qui pourrait bien être mise à exécution, dans la mesure où chaque camp demeure
figé sur sa position. 
C’est à avec un courrier en date
du 2 mai dernier que l’opposition guinéenne avait formellement saisi le premier
ministre au sujet de la mise en place d’un cadre de concertation. Cellou Dalein
Diallo et ses camarades justifiaient cette requête par la nécessité, selon eux,
de débattre d’un certain nombre de points de l’accord politique global du 3
juillet 2013. Des points dont la mise en œuvre aurait, à en croire les membres
de l’opposition, connu un certain retard.
La méfiance entre pouvoir et
opposition
Il s’agit notamment de
l’organisation des élections communales et communautaires, du recrutement d’un
nouvel opérateur technique en charge de la révision du fichier électoral, du
rôle et de la place des administrateurs territoriaux dans les prochaines
consultations électorales ou encore de la poursuite des auteurs des violences
politiques et, conséquemment, de l’indemnisation des victimes de ces violences.
Subtilement, les auteurs de ce courrier menaçaient de reprendre les
manifestations de rue, s’ils ne sont pas écoutés.
Quelques jours plus tard, le
porte-parole de l’opposition, s’exprimant sur les ondes d’une radio privée de
la place, indiquait qu’en réalité ce courrier ne répondait qu’à une démarche de
forme. L’opposition voulait juste donner des gages d’une approche républicaine.
Autrement, ajoutait Aboubacar Sylla, les adversaires au régime du président
Alpha Condé ne se faisaient guère d’illusion. C’est dire que la confiance ne
règne entre les deux camps.
Dix-sept jours après réception de
cette correspondance, Mohamed Saïd Fofana vient d’y répondre. Adoptant une
démarche de pédagogue, et se voulant très méthodique, le premier ministre
répond aux  sollicitations de l’opposition,
point par point. Le chef du gouvernement, lui aussi, ne se préoccupe point du
fond. C’est ainsi que pour la poursuite des auteurs des violences et
l’indemnisation des victimes, il indique, pour ce qui est de la première partie
de la question, que l’instruction a déjà commencé et qu’elle suit son cours
normal et, en ce qui concerne le second volet, que les indemnisations
interviendront seulement à l’issue du procès qui sera organisé.
Une réponse qui ne convainc pas
l’opposition
A propos des craintes de
l’opposition par rapport à l’immixtion de l’administration territoriale dans la
gestion du processus électoral, le premier ministre engage son gouvernement à
faire en sorte que les principes de neutralité soient respectés. Sur la
question  cruciale du recrutement d’un
nouvel opérateur technique, Mohamed Saïd Fofana, estimant que rien n’est encore
tard, rassure les partenaires politiques en promettant que l’appel à
concurrence sera lancé à temps.
Le point relatif à la tenue des
élections communales et communautaires, lui, n’est même pas abordé. Et pour
couronner le tout, le chef du gouvernement sous-entendant qu’il n’est pas
nécessaire de mettre en place un cadre de concertation, renvoie l’opposition
guinéenne vers l’Assemblée nationale.
Dans cette réponse, on a
l’impression que le premier ministre a fait comme les opposants. Il doit s’être
dit que l’important n’est pas le contenu. Sa préoccupation était de ne pas se
voir accusé d’avoir ignoré le courrier. Il devait y répondre, et il l’a fait.
Il s’est acquitté de sa partition. Surtout qu’aux yeux de l’opinion nationale
et internationale, certaines des alternatives qu’il propose ne manquent pas de
pertinence.
Mais pour l’opposition, ce n’est
qu’une fuite en avant. Décortiquant le courrier-réponse, Aboubacar Sylla pense
même que c’est une fin de non-recevoir face à tout ce qu’ils avaient demandé.
Ce qui, selon nos informations, conduirait l’opposition guinéenne, à envisager
une rencontre dans les tout prochains jours, en vue de décider de la suite à
donner à ces réponses. Pour beaucoup, de cette rencontre, une menace plus
précise pourrait découler.  

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