A l’instar de leurs
coreligionnaires du monde, les fidèles musulmans de Guinée ont commencé le
jeûne du mois de Ramadan, ce dimanche 29 juin. A partir de cette date, et
durant 29 ou 30 jours, se conformant à une prescription divine, ils vont se
soumettre à de rituel spécial dont un certain nombre de privations. Mais
au-delà des aspects spécifiquement cultuels, le Ramadan fait généralement appel
à un mode de vie dont la particularité n’est pas sans conséquences sur la
productivité nationale ou encore les modes vestimentaires, notamment chez les
filles et les femmes.
Comme par le passé, le Ramadan
2014 n’échappe pas non plus au récurrent débat portant sur les prix des denrées
de première nécessité.
« Ô vous qui croyez, le jeûne
vous est prescrit tout comme il a été prescrit à vos devanciers, afin que vous
adoptiez la piété ». C’est en vertu de ce verset de la sourate 2 du Coran que
le jeûne du mois de Ramadan s’impose aux fidèles musulmans. Pourvu qu’ils aient
la majorité et qu’ils ne soient ni malades, ni en situation de voyage, ou en
période de menstrues pour les femmes. Concrètement, le jeûne consiste à se
priver de manger, de boire, de fumer et d’avoir des relations sexuelles, du
lever au coucher du soleil. Au contraire, il est vivement recommandé d’intensifier
la prière et la lecture du Saint Coran. Plus globalement, durant le mois de
Ramadan, il est attendu du fidèle qu’il fasse montre d’une dose supplémentaire
de sagesse et de foi.
L’unanimité qui marque son démarrage
Dans le cas guinéen, une des
particularités du jeûne de cette année, c’est plutôt l’unanimité qui marque son
démarrage. En plus du communiqué du secrétariat aux Affaires religieuses,
beaucoup de citoyens ont témoigné avoir observé le croissant lunaire dont la
vue est une condition pour le début et la fin du jeûne. En conséquence, une
écrasante majorité de musulmans guinéens ont commencé le rituel ce dimanche.
En raison du contexte de
l’épidémie du virus Ebola qui sévit dans le pays depuis le début de l’année, le
secrétaire général aux Affaires religieuses a mis l’occasion à profit pour
inviter ses compatriotes à « prier pour l’éradication de la fièvre Ebola en
Guinée, en sierra Léone et au Libéria ». Une doléance qui en dit long sur le
désarroi des autorités guinéennes par rapport à cette maladie.
Sur la question des prix des
denrées de première nécessité, Ramadan 2014 ne fait pas exception à la règle.
Les associations de défense de consommateurs et les consommateurs eux-mêmes
montent déjà au créneau. Invoquant un pouvoir d’achat faible et une austérité
toujours en vigueur, ils fustigent la cupidité des commerçants dont ce mois
de pénitence est paradoxalement une
période exceptionnellement bien indiquée pour se faire un maximum de profit.
Interpellées une nouvelle fois par la question, les autorités s’essaient à un
arbitrage qui n’est pas évident. Au terme d’une réunion qu’il a eue avec les
principaux opérateurs économiques du pays, le vendredi dernier, le ministre
guinéen du commerce, Marc Yombouno, a relayé les engagements des commerçants.
Ces derniers auraient promis de maintenir à leur niveau d’avant Ramadan. Mais
sur les différents marchés de Conakry, les ménagères disent ne pas ressentir
l’effet de telles promesses.
Promesses de baisse des prix, mais…..
Les commerçants pourraient donc,
en dépit de ces engagements, réaliser quelques profits. Ce qui ne sera pas le
cas de l’administration. En effet, en raison de la fatigue consécutive au
jeûne, la productivité ne sera pas particulièrement au rendez-vous pendant ce
mois. Surtout que la situation pouvant être aggravée par le sommeil chez ceux
qui se réveillent pour le ‘’déjeuner nocturne’’. Au-delà de cette baisse
intrinsèque de rentabilité, c’est la durée du travail même qui sera affectée
chez certains dont les femmes. Devant préparer plusieurs mets pour la rupture
du soir, elles devront sans doute quitter plus tôt que d’habitude leurs
services. Cette situation s’ajoutant à l’impact déjà perceptible de la Coupe du
monde, l’administration pourrait donc fonctionner au ralenti pendant environ deux
mois.
Mais l’administration ne sera pas
la seule à plaindre. Il en sera de même de toutes les activités relevant du
secteur des loisirs et de la restauration. Gargotiers, tenanciers de débits de
boisson et de boîtes vont donc se tourner les pouces pendant le mois de
Ramadan. Pour ceux qui évoluent dans ces secteurs d’activité, la situation est
d’autant plus préoccupante qu’Ebola a fait fuir les quelques touristes et
autres hommes d’affaires qui auraient aidé à relativiser le manque à gagner.
Enfin, le Ramadan, c’est surtout
un nouveau mode vestimentaire en particulier pour les filles. Pendant un mois,
bodys et autres pantalons trop moulants sont troqués au profit d’habits plus
amples et jugés moins suggestifs. Par-dessus tout, certaines d’entre elles mettent
un foulard sur la tête. Les garçons éviteront les pantalons ‘’qui
tombent’’