vendredi 30 mai 2014

Un D-Day sans l'Afrique, normal!??

Ce vendredi 6 juin, la France, avec à ses côtés les représentants des Nations réconciliées, commémore le 70ème anniversaire du débarquement sur les côtes de Normandie. Débarquement qui, faut-il préciser, aura été un facteur déterminant dans l’issue de la seconde guerre mondiale. A travers une cérémonie dont le caractère grandiose est des plus légitimes, François Hollande et le peuple français voudraient tout d’abord saluer la mémoire de tous ceux qui, politiques et combattants, avaient contribué à ce débarquement historique. Mais au-delà de la France, le monde entier voudrait, à travers cette commémoration, implorer la sagesse humaine, pour que l’humanité ne revive plus les horreurs et la barbarie que la Terre a enregistrées entre 1939 et 1945. Sauf qu’il y a une absent sur la liste des invités : L’Afrique.
Pas de représentants de l’UA,  de chefs d’Etat ou d’anciens combattants en provenance de l’Afrique. En soi, c’est là une négation du sacrifice que les Africains ont consenti pour que le débarquement et, plus globalement, la victoire alliée soit possible. Mais ils n’en sont pas à leur première !
Naturellement, si l’on considère uniquement ce qui s’est passé à la date du 6 juin, on pourrait ne pas voir l’éminent rôle qui a été celui de l’Afrique et des Africains dans la victoire des forces alliées. Si l’on se met dans cette perspective des plus étroites, on comprendrait que Barack Obama, la Reine Elisabeth II ou encore Stephen Harper soient à la première loge. De ce point de vue, on comprendrait même que les ennemis d’hier que sont notamment l’Allemagne, l’Italie, etc  soient également conviées.
De ce point de vue donc, même la venue du turbulent Vladmir Poutine ne saurait surprendre. Et c’est décidément ainsi que les organisateurs de la cérémonie d’aujourd’hui perçoivent les choses. Autrement, l’Afrique aurait au moins été représentée parmi les 800 vétérans étrangers attendus. Malheureusement, aucun tirailleur ne sera du rendez-vous. Ils ont été oubliés. Comme ils l’ont été toujours été, du reste.
De la part de la France et du monde, c’est une ingratitude flagrante  à l’égard du continent africain. Parce qu’en effet, s’il est vrai que les Africains n’ont peut-être pas fait partie des troupes qui ont débarqué en Normandie, par contre, ils étaient là durant tout le processus qui a précédé ce jour historique. L’Afrique était notamment là, servant d’assise territoriale et de cadre de repositionnement pour les forces alliées. Si elles n’avaient pas eu l’Afrique comme base arrière, les puissances alliées auraient certainement souffert de l’occupation du canal de suez par l’Italie,  ou après que les Japonais aient occupé les territoires asiatiques.
Or, l’implication du continent berceau de l’humanité ne s’était point limitée à l’utilisation de ses ports et aéroports. Elle a également contribué à l’effort de guerre en y envoyant ses braves fils et en donnant de ses immenses richesses. A propos, des historiens estiment qu’entre 1940 et 1944, ce sont quelques 169. 000 combattants qui furent mobilisés dans l’Ouest africain britannique. Pour ce qui est des colonies françaises, les mêmes auteurs estiment à  80.000 le nombre de combattants mobilisés dans le cadre des campagnes de “ la France libre ”. Une bonne partie ne sont jamais revenus du front.
L’Afrique fut également sollicitée pour participer aux dépenses militaires. C’est ainsi qu’outre les contributions en nature, l’investissement de l’empire colonial britannique est évalué par les historiens à 931.127 livres dont 44 % provenant du Nigeria, 38 % de la Gold Coast (actuel Ghana), 16 % de Sierra Leone et 1,2 % de Gambie. Rejoignant le conflit aux côtés des alliés, la Belgique va également favoriser l’exploitation du cuivre et de l’uranium congolais. Côté français, les statistiques officielles situent à 1.508 millions de FF la contribution totale de l’empire colonial africain à l’effort de guerre.

Comme on le voit donc, contrairement à ce qui est incarné dans la cérémonie de ce jour en Normandie, la contribution africaine à la victoire contre l’Allemagne nazie n’est pas des moindres. L’Afrique a offert son sol comme champ de bataille, ses fils comme combattants et ses avoirs comme contributions financières. Mais 70 ans après, on fait comme si elle n’avait rien fait. C’est à croire que l’objectif est de falsifier l’histoire, en gommant la partition que les Africains y ont jouée. Décidément, Nicolas Sarkozy n’est peut-être pas le seul à penser que « l’Afrique n’est pas assez entrée dans l’histoire » !!! En vérité, certains maîtres à penser tiennent toujours à la ''débarquer'' de l'Histoire. Mais, ça c'est une autre histoire ?!?

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